Les activités humaines épuisent la planète et
modifient son fonctionnement. Ces transformations sont aggravées par la
taille de la population mondiale qui a augmenté de façon continue depuis
l’apparition de l’Homo sapiens et qui, malgré certaines irrégularités
au cours des âges, dépasse maintenant sept milliards d’âmes. La
croissance démographique a été particulièrement rapide au cours XXe et en ce XXIe siècle, mais le taux de croissance commence à diminuer.
Les temps préhistoriques
On évalue qu’
il y a trois millions d’années, alors que la lignée des
hominidés venait d’apparaître, les premiers humains sur la Terre
représentaient environ
100 000 individus.
De telles estimations sont
basées sur la répartition de la population à cette époque et sur la
densité populationnelle de peuples de culture similaire. En ces temps
reculés, il semble que la démographie dépendît principalement des
variations climatiques et de l’étendue du territoire habité.
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Vers -70 000 avant J.C. se côtoient les
Homo sapiens, les hommes de Neandertal et les hommes de Java, mais les deux derniers disparaissent.
Vers -50 000 avant J. C., alors qu’
Homo sapiens s’étend
sur tous les continents, la population mondiale peut avoir atteint
1,5
millions d’individus.
Il y a 40 000 ans, des innovations techniques telles
que la sagaie, le harpon, l’arc et les flèches, améliorent les prises à
la chasse et à la pêche, ce qui fait grimper le peuplement à environ
5
millions d’habitants, et ce en quelques 20 000 ans.
Par la suite, la
population augmente peu et semble avoir fluctuée au rythme des
variations climatiques jusqu’à la Révolution Néolithique, il y a environ
10 000 ans.
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De la Révolution néolithique à la Révolution industrielle
À partir de ce moment décisif en effet, l’agriculture, l’élevage, la
sédentarité, la navigation et la céramique assurent une alimentation
plus constante et plus foisonnante, réduisant la mortalité.
La
population augmente alors significativement (figure ci-dessous) et
compte environ
100 millions d’âmes vers -2000.
Après un maximum de
250
millions d’habitants atteint
au 1er siècle avant J.C., ce
nombre aurait diminué à environ 200 millions à la fin de l’antiquité,
pour remonter
au cours du Moyen-Âge et se situer à environ
500 millions,
soit un demi-milliard, à la
fin du XVe siècle. Les guerres,
la nourriture limitée et les famines, les maladies et épidémies (peste,
choléra, typhus) limitent encore l’accroissement de la population
terrienne.
Jusque
vers 1700, le nombre d’humains augmente toujours
lentement, mais progressivement, et peine à atteindre
700 millions.
La
barre du
milliard d’habitants sur la Terre est néanmoins atteinte au
début du XIX
e siècle (
vers 1825).
Évolution
de la démographie mondiale (en millions d’habitants) en fonction du
temps entre -10 000 et aujourd’hui. 1,2 À gauche : échelle logarithmique
des populations ; à droite : échelle linéaire. Les valeurs sont des
estimations et avant 1800 de notre ère doivent être prises à titre
indicatif. Cette courbe montre une augmentation continue de la
population mondiale et un accroissement extrêmement rapide au cours du
XIXe et XXe siècle et qui se poursuit au XXIe. Le détail des données correspondant à cette dernière période est représenté plus bas.
Dynamique des populations dans les pays qui s’industrialisent
Depuis les débuts de l’humanité, le régime démographique était
généralement caractérisé par un taux de mortalité et un taux de natalité
élevés qui s’équilibraient presque, avec un léger avantage pour le
dernier. Avec l’arrivée de la Révolution industrielle, un nouveau régime
se met en place, un régime dans lequel les pays qui se développent
voient leur natalité et leur mortalité devenir faibles, mais la
transition passe par une augmentation importante, quoique temporaire, de
la population. Cette transition et ses 4 étapes distinctives sont
schématisées sur la figure ci-dessous. Il faut noter qu’il s’agit ici
d’un modèle et que des variations peuvent être observées selon les pays.
Schéma
représentant la dynamique des populations au cours une transition
démographique modèle d’une société qui s’industrialise, divisée selon
ses quatre phases distinctes.
La première phase correspond à la période précédant
l’industrialisation qui connait des taux de natalité et de mortalité
hauts et proches. Puis, grâce à un apport régulier en nourriture, à
l’amélioration de l’hygiène et avec les progrès technologiques,
notamment ceux de la médecine, la mortalité diminue (phase 2). La
population augmente alors rapidement. Avec l’éducation qui se
démocratise, l’augmentation des revenus individuels et les moyens de
contraception, les femmes ont moins d’enfants et les ont à des âges plus
avancés : la fertilité, soit le nombre d’enfants par femme, baisse, et
donc aussi le taux de natalité (phase 3). Après avoir atteint un
maximum, la croissance démographique diminue alors jusqu’à entrer dans
la phase 4 où les taux de natalité et de mortalité sont faibles. Si les
deux s’équilibrent parfaitement, la croissance est nulle. Elle peut même
parfois être négative si la fertilité est trop basse. L’espérance de
vie augmentant, on assiste dans ce contexte au phénomène de
vieillissement de la population. La démographie d’un pays développé
dépend alors fortement de l’immigration.
La période actuelle
Le processus décrit ci-dessus est précisément celui s’est déroulé
dans les pays riches et qui explique l’augmentation rapide de la
population mondiale à partir de 1800 (figure ci-dessous). La transition
démographique a également commencé à se produire dans plusieurs pays en
développement (PED) à partir des années 50 qui ont vu leur mortalité
diminuer, ce qui est fort heureux, mais les PED ont vu dans le même
temps la pauvreté se répandre. On observe donc à partir des années 50
une accélération extrêmement importante de la croissance démographique,
qualifiée d’explosion démographique (figure ci-dessous) : alors qu’il a
fallu un siècle pour atteindre 2 milliard (1930) d’humains, il a fallu
30 ans pour atteindre le chiffre 3 milliards (1959), 25 ans pour
atteindre 4 milliard (1974), 13 ans pour atteindre 5 milliards (1987) et
12 ans pour atteindre 6 milliards (1999).
Évolution de la démographie entre 1800 (début de la Révolution industrielle) et aujourd’hui.3
L’humanité représente aujourd’hui plus de 7 milliards d’individus.
Cette humanité nombreuse combinée à un mode de vie marqué par la
surconsommation et le gaspillage a évidemment un coût environnemental
très élevé, notamment en termes de consommation d’énergie, d’eau, de
biens manufacturés de toutes sortes, d’exploitation du sol pour
l’agriculture et d’utilisation du transport. L’humanité, par suite,
épuise les ressources, modifie la composition physico-chimique du sol,
des rivières, de l’atmosphère et des océans, et détériorent leur
fonctionnement. À terme, c’est le fonctionnement global de la Terre qui
est à risque, et ainsi l’avenir de l’humanité. L’impact humain existe en
effet depuis l’aube de l’humanité, mais il augmente constamment et si
rapidement depuis le XX
e et XXI
e siècle qu’il devient intolérable pour la planète.
Une bonne nouvelle concernant notre empreinte écologique à venir est
que depuis les années 2000 le taux d’accroissement de la population
ralentit et devrait continuer de le faire à l’avenir comme le montre les
prévisions réalisées jusqu’en 2050 (figure ci-dessous). Les pays
occidentaux connaissent en effet une croissance démographique faible et
un vieillissement de la population, les deux nations qui « vieillissent »
le plus étant le Japon et le Québec. Dans le même temps, la natalité
des pays émergents commence également à diminuer. On assiste aussi à une
immigration importante dans les pays du Nord, notamment aux États-Unis
dont la population augmentera encore substantiellement dans les années à
venir.
Évolution
de la démographie et taux d’accroissement de la population entre 1950
et 2012 et prévision jusqu’en 2050. La chute qui a lieu en 1960 est due à
la Chine qui connaît alors le « Grand Bond en avant » au cours duquel
des catastrophes et des pénuries alimentaires réduisent la fertilité et
augmentent la mortalité.3
Malgré cette diminution du rythme de la croissance démographique, le
nombre de Terriens augmente encore très rapidement car la population est
grande, de sorte que même si le taux de natalité est bas, le nombre de
naissances annuelles reste élevé. De plus, la pyramide des âges dans les
pays du Sud est caractérisée par une large fraction de jeunes hommes et
de jeunes femmes qui auront bientôt des enfants, contribuant ainsi à
une forte augmentation de la population à l’avenir. Nous devrions ainsi
être 8 milliards sur la planète autour de 2025 et 9 milliards au début
des années 2040, avec l’impact que cela sous-tend.
Afin de rendre l’humanité viable, il est essentiel de modifier notre
mode de vie, mais, comme le mentionnent les scientifiques, ces
transformations doivent absolument être accompagnées de politiques
démographiques, par exemple un renforcement de l’éducation des femmes et
de leur autonomie ainsi que des mesures de planning familial.
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Bibliographie
1 Jean-Noël Biraben,
L’évolution du nombre des hommes, Bulletin mensuel d’information (2003) 394 1-4, Institut national d’études démographiques.
2 US Census Bureau
3 Fred MacKenzie, Our changing planet, 4e edition (2011) Prentice Hall, chp. 9.
4 Institut EDS,
La dynamique de la population mondiale et les politiques démographique
(2012) Compte rendu du Forum sur la science, la technologie et
l’innovation pour le développement durable, organisé par le Conseil
International pour la Science (ICSU).