Une brève histoire de la croissance démographique mondiale
2012/12/19 – 19:14
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Les activités humaines épuisent la planète et
modifient son fonctionnement. Ces transformations sont aggravées par la
taille de la population mondiale qui a augmenté de façon continue depuis
l’apparition de l’Homo sapiens et qui, malgré certaines irrégularités
au cours des âges, dépasse maintenant sept milliards d’âmes. La
croissance démographique a été particulièrement rapide au cours XXe et en ce XXIe siècle, mais le taux de croissance commence à diminuer.Les temps préhistoriques
On évalue qu’il y a trois millions d’années, alors que la lignée des hominidés venait d’apparaître, les premiers humains sur la Terre représentaient environ 100 000 individus.
De telles estimations sont basées sur la répartition de la population à cette époque et sur la densité populationnelle de peuples de culture similaire. En ces temps reculés, il semble que la démographie dépendît principalement des variations climatiques et de l’étendue du territoire habité.1
Vers -70 000 avant J.C. se côtoient les Homo sapiens, les hommes de Neandertal et les hommes de Java, mais les deux derniers disparaissent.
Vers -50 000 avant J. C., alors qu’Homo sapiens s’étend sur tous les continents, la population mondiale peut avoir atteint 1,5 millions d’individus.
Il y a 40 000 ans, des innovations techniques telles que la sagaie, le harpon, l’arc et les flèches, améliorent les prises à la chasse et à la pêche, ce qui fait grimper le peuplement à environ 5 millions d’habitants, et ce en quelques 20 000 ans.
Par la suite, la population augmente peu et semble avoir fluctuée au rythme des variations climatiques jusqu’à la Révolution Néolithique, il y a environ 10 000 ans.1
De la Révolution néolithique à la Révolution industrielle
À partir de ce moment décisif en effet, l’agriculture, l’élevage, la sédentarité, la navigation et la céramique assurent une alimentation plus constante et plus foisonnante, réduisant la mortalité.
La population augmente alors significativement (figure ci-dessous) et compte environ 100 millions d’âmes vers -2000.
Après un maximum de 250 millions d’habitants atteint au 1er siècle avant J.C., ce nombre aurait diminué à environ 200 millions à la fin de l’antiquité, pour remonter
au cours du Moyen-Âge et se situer à environ 500 millions, soit un demi-milliard, à la fin du XVe siècle. Les guerres, la nourriture limitée et les famines, les maladies et épidémies (peste, choléra, typhus) limitent encore l’accroissement de la population terrienne.
Jusque vers 1700, le nombre d’humains augmente toujours lentement, mais progressivement, et peine à atteindre 700 millions.
La barre du milliard d’habitants sur la Terre est néanmoins atteinte au début du XIXe siècle (vers 1825).
Dynamique des populations dans les pays qui s’industrialisent
Depuis les débuts de l’humanité, le régime démographique était généralement caractérisé par un taux de mortalité et un taux de natalité élevés qui s’équilibraient presque, avec un léger avantage pour le dernier. Avec l’arrivée de la Révolution industrielle, un nouveau régime se met en place, un régime dans lequel les pays qui se développent voient leur natalité et leur mortalité devenir faibles, mais la transition passe par une augmentation importante, quoique temporaire, de la population. Cette transition et ses 4 étapes distinctives sont schématisées sur la figure ci-dessous. Il faut noter qu’il s’agit ici d’un modèle et que des variations peuvent être observées selon les pays.
La première phase correspond à la période précédant l’industrialisation qui connait des taux de natalité et de mortalité hauts et proches. Puis, grâce à un apport régulier en nourriture, à l’amélioration de l’hygiène et avec les progrès technologiques, notamment ceux de la médecine, la mortalité diminue (phase 2). La population augmente alors rapidement. Avec l’éducation qui se démocratise, l’augmentation des revenus individuels et les moyens de contraception, les femmes ont moins d’enfants et les ont à des âges plus avancés : la fertilité, soit le nombre d’enfants par femme, baisse, et donc aussi le taux de natalité (phase 3). Après avoir atteint un maximum, la croissance démographique diminue alors jusqu’à entrer dans la phase 4 où les taux de natalité et de mortalité sont faibles. Si les deux s’équilibrent parfaitement, la croissance est nulle. Elle peut même parfois être négative si la fertilité est trop basse. L’espérance de vie augmentant, on assiste dans ce contexte au phénomène de vieillissement de la population. La démographie d’un pays développé dépend alors fortement de l’immigration.
La période actuelle
Le processus décrit ci-dessus est précisément celui s’est déroulé dans les pays riches et qui explique l’augmentation rapide de la population mondiale à partir de 1800 (figure ci-dessous). La transition démographique a également commencé à se produire dans plusieurs pays en développement (PED) à partir des années 50 qui ont vu leur mortalité diminuer, ce qui est fort heureux, mais les PED ont vu dans le même temps la pauvreté se répandre. On observe donc à partir des années 50 une accélération extrêmement importante de la croissance démographique, qualifiée d’explosion démographique (figure ci-dessous) : alors qu’il a fallu un siècle pour atteindre 2 milliard (1930) d’humains, il a fallu 30 ans pour atteindre le chiffre 3 milliards (1959), 25 ans pour atteindre 4 milliard (1974), 13 ans pour atteindre 5 milliards (1987) et 12 ans pour atteindre 6 milliards (1999).
L’humanité représente aujourd’hui plus de 7 milliards d’individus. Cette humanité nombreuse combinée à un mode de vie marqué par la surconsommation et le gaspillage a évidemment un coût environnemental très élevé, notamment en termes de consommation d’énergie, d’eau, de biens manufacturés de toutes sortes, d’exploitation du sol pour l’agriculture et d’utilisation du transport. L’humanité, par suite, épuise les ressources, modifie la composition physico-chimique du sol, des rivières, de l’atmosphère et des océans, et détériorent leur fonctionnement. À terme, c’est le fonctionnement global de la Terre qui est à risque, et ainsi l’avenir de l’humanité. L’impact humain existe en effet depuis l’aube de l’humanité, mais il augmente constamment et si rapidement depuis le XXe et XXIe siècle qu’il devient intolérable pour la planète.
Une bonne nouvelle concernant notre empreinte écologique à venir est que depuis les années 2000 le taux d’accroissement de la population ralentit et devrait continuer de le faire à l’avenir comme le montre les prévisions réalisées jusqu’en 2050 (figure ci-dessous). Les pays occidentaux connaissent en effet une croissance démographique faible et un vieillissement de la population, les deux nations qui « vieillissent » le plus étant le Japon et le Québec. Dans le même temps, la natalité des pays émergents commence également à diminuer. On assiste aussi à une immigration importante dans les pays du Nord, notamment aux États-Unis dont la population augmentera encore substantiellement dans les années à venir.
Malgré cette diminution du rythme de la croissance démographique, le nombre de Terriens augmente encore très rapidement car la population est grande, de sorte que même si le taux de natalité est bas, le nombre de naissances annuelles reste élevé. De plus, la pyramide des âges dans les pays du Sud est caractérisée par une large fraction de jeunes hommes et de jeunes femmes qui auront bientôt des enfants, contribuant ainsi à une forte augmentation de la population à l’avenir. Nous devrions ainsi être 8 milliards sur la planète autour de 2025 et 9 milliards au début des années 2040, avec l’impact que cela sous-tend.
Afin de rendre l’humanité viable, il est essentiel de modifier notre mode de vie, mais, comme le mentionnent les scientifiques, ces transformations doivent absolument être accompagnées de politiques démographiques, par exemple un renforcement de l’éducation des femmes et de leur autonomie ainsi que des mesures de planning familial.4
Bibliographie
1 Jean-Noël Biraben, L’évolution du nombre des hommes, Bulletin mensuel d’information (2003) 394 1-4, Institut national d’études démographiques.
2 US Census Bureau
3 Fred MacKenzie, Our changing planet, 4e edition (2011) Prentice Hall, chp. 9.
4 Institut EDS, La dynamique de la population mondiale et les politiques démographique (2012) Compte rendu du Forum sur la science, la technologie et l’innovation pour le développement durable, organisé par le Conseil International pour la Science (ICSU).
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